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lundi 6 avril 2009

Durban II ou La flamme de l'intelligence est bien vulnérable : le moindre souffle d'intolérance suffit à l'étouffer.


Durban II
La flamme de l'intelligence est bien vulnérable : le moindre souffle d'intolérance suffit à l'étouffer.


Du 20 au 24 avril 2009, se déroulera à Genève une rencontre internationale contre le racisme, organisée par l’UNESCO, et baptisée “Durban II”, en référence à la dernière conférence de ce type qui s’était déroulée en Afrique du Sud en 2001. On le sait : cette conférence est noyautée par des pays islamistes qui veulent s’en servir pour rendre condamnable la critique des religions, et de l’islam en particulier.

En 2001, l’Australie et le Canada avaient dénoncé l’hypocrisie des débats, et les USA et Israël avaient quitté carrément la conférence. Alors que Durban II se prépare, on sait déjà que les USA, le Canada, Israël et l’Italie ne participeront pas à cette conférence. Pour une raison assez simple, en fait :
le texte recommande que les autorités locales, nationales et internationales revoient et modifient leurs lois et les Droits de l’Homme si nécessaire afin que “la diffamation de l’islam” devienne une infraction pénale, et perde la protection, dont il a depuis longtemps bénéficié du “prétexte” de “la liberté de d’expression, de la lutte contre le terrorisme ou de la sécurité nationale”. Il recommande encore que des mesures juridiques soient mises en place pour punir les coupables - qui sont ceux qui “diffament”, en associant l’islam à la violence, aux atteintes aux droits humains et au terrorisme.

Loin de moi l’idée de vouloir émettre un quelconque avis sur la nécessité de participer à cette rencontre internationale ou de la boycotter. Toutefois je profite de la polémique au sujet de cette rencontre pour soulever quelques questions.



Pourquoi vouloir des lois sanctionnant spécifiquement la diffamation de l’islam ?
Les défenseurs de cette demande peuvent dire à raison que des lois ont été promulguées pour sanctionner spécifiquement l’antisémitisme. Dès lors, pourquoi pas des lois sanctionnant aussi l’antiislamisme ? Et pourquoi pas des lois pour toutes les autres religions dès lors ?
Il est vrai que, en Europe, l’on parle souvent de lutte contre le racisme et l’antisémitisme. On ajoute très souvent la notion d’antisémitisme en parlant de lutte contre le racisme. L’histoire de l’Europe explique aisément cette précision ajoutée. Mais est-il vraiment besoin de l’ajouter ? Lutter contre l’antisémitisme est trop réducteur car, en dépit de l'étymologie du terme qui suggère que l'antisémitisme est dirigé contre tous les peuples sémites, Juifs et Arabes, en pratique il est utilisé pour faire référence à l'hostilité envers les Juifs comme groupe « religieux », « racial » ou « ethnique ».

Nos lois devraient mentionner qu’elles désirent lutter contre toute forme d’intolérance. L’antisémitisme, tout comme l’antiislamisme, seraient inclus dans cette notion d’intolérance et cela règlerait la question de savoir si il est utile de créer des lois spécifiques contre l’antiislamisme. Finie la polémique de Durban II.

L’intolérance : ce n’est pas de réfuter l’idée de l’autre ; ce n’est pas de refuser d’adhérer aux conceptions de l’autre; ce n’est pas de combattre et résister à l'opinion de l’autre : c’est de ne pas accepter qu’un autre puisse avoir une idée différente de la sienne. C’est exiger que l’autre ait de gré ou de force les même idées que soi-même.
VOLTAIRE, écrivait : « Il y a deux monstres qui désolent la terre en pleine paix : l'un est la calomnie, et l'autre l'intolérance; je les combattrai jusqu'à ma mort. » Combattre l’intolérance, ce n’est pas de l’intolérance : c’est se battre contre les idées de celui qui ne donne pas à l’autre le droit d’exister dans sa différence. Tout individu a le droit de vivre sa particularité, pour autant qu’il ne l’impose pas à l’autre.

Lutter contre le racisme est une notion trop réductrice et s’en limiter à l’intolérance serait trop réducteur aussi.
Il existe d’autres formes d’exclusion.
Le racisme est une idéologie (et les comportements qu’elle inspire) établie sur la croyance qu'il existe une hiérarchie entre les groupes naturels humains, désignés sous le terme d’ethnies, de races.
Une exclusion basée sur la notion de groupe et non pas sur la hiérarchisation des races est la xénophobie.
La xénophobie est l'hostilité à l'égard de la présence de celui qui est perçu comme un étranger, c'est-à-dire qui n'appartient pas au même groupe (national, culturel, linguistique, religieux, local) que soi.
La ségrégation, quant à elle, est une politique de mise à l’écart d’une population formant un sous-groupe religieux ou racial, que la législation isole dans un ou des quartiers d’une ville (ségrégation spatiale) et qui subissent en outre des discriminations de nature politique, juridique ou économique (ségrégation sociale). La ségrégation est une forme matérialisée du rejet engendré par le racisme, la xénophobie ou l’intolérance.

Refusons de promulguer une loi spécifique sanctionnant la diffamation de l’islam car il est incohérent de s’en limiter à régler l’exclusion d’un groupe particulier. Arrêtons toutefois d’en faire de même pour l’antisémitisme. Et modifions nos lois pour en élargir le champ.

Faisons de nos lois une lutte contre toute forme de racisme, de xénophobie, de ségrégation et d’intolérance. Et ces lois vaudront aussi bien contre l’antisémitisme que contre l’antiislamisme, mais aussi contre tout autre type d’exclusion de groupes religieux.

Et DURBAN II accomplira sa mission au-delà de toute polémique sectaire.

A propos, la notion de sectarisme ne serait-elle pas la notion qui rassemble à la fois racisme, xénophobie, ségrégation et intolérance ?


4 commentaires:

Anonyme a dit…

De Annette Félix
J'ai lu cet article, envoyé par mon amie Isabelle Tapie,et je l'approuve, mais je trouve que, pour être exhaustif, le mot "intolérance" ne devrait pas concerner que les "religions" mais aussi le droit à être non-croyant. Les agnostiques, les athées et ceux qui "ne croyent pas" ont aussi droit au respect. Mais je crains que Durban II n'aille plus loin et que les femmes notamment aient tout à craindre. Et sous prétexte de ne pouvoir "critiquer" l'Islam, qu'en sera-t-il de l'intégrisme islamique ? Je crains que la négation de la liberté d'expression ne soit pas loin.Benoît XVI a été critiqué pour ses récents propos en Afrique. Pourra-t-on encore parler des femmes lapidées et des homosexuels traités de façon... Au fait, si Durban II réussit son but, pourra-on dire "de façon barbare" ou "de façon pas très civilisée" sous peine de ne pas être "islamiquement" correct ? Alors, plutôt que de parler d'"intolérance", ne vaudrait-il pas mieux parler d'"atteinte aux Droits de l'Homme" ?
Ou, comme me le disait récemment un ami diplomate, habitué des régions islamiques, boycotter Durban II pour en minimiser l'importance ?

Pierre Fendregella a dit…

Dernière nouvelle concernant cette rencontre internationale.

http://www.lexpress.fr/actualites/2/l-australie-boycotte-aussi-la-conference-de-l-onu-sur-la-racisme_754935.html

Pierre Fendregella a dit…

Dernière nouvelle

http://www.dhnet.be/infos/belgique/article/258819/la-belgique-et-la-france-restent-a-geneve.html

Pierre Fendregella a dit…

Dernière nouvelle
Communiqué de presse de Karel De Gucht
http://www.diplomatie.be/fr/press/homedetails.asp?TEXTID=96482

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