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jeudi 12 mars 2009

(débat) Le monde n'est humain que s'il devient objet de dialogue.

extrait d'un livre de Hannah Arendt
"Car le monde n’est pas humain pour avoir été fait par des hommes, et il ne devient pas humain parce que la voix humaine y résonne, mais seulement lorsqu’il est devenu objet de dialogue. Quelque intensément que les choses du monde nous affectent, quelque profondément qu’elles puissent nous émouvoir et nous stimuler, elles ne deviennent humaines pour nous qu’au moment où nous pouvons en débattre avec nos semblables. Tout ce qui ne peut devenir objet de dialogue peut bien être sublime, horrible ou mystérieux, voire trouver voix humaine à travers laquelle résonner dans le monde, mais ce n’est pas vraiment humain Nous humanisons ce qui se passe dans le monde et en nous en en parlant, et, dans ce parler, nous apprenons à être humains.”

Hancha Arendt, Vies politiques.:

1955


(lisez et découvrez ici qui est Hannah Arendt http://fr.wikipedia.org/wiki/Hannah_Arendt )

extrait d'un interview de Julia Kristeva qui a reçu le prix Hannah Arendt
Vous pensez, comme Hannah Arendt, que l'on doit redonner une place à l'«opinion» ?

Oui, s'il s'agit d'une politique de réhabilitation de la personne singulière dans l'opinion. Je pense qu'aujourd'hui on diabolise beaucoup l'opinion ­ on n'a pas toujours tort, quand elle est manipulée ­ mais en même temps, Hannah Arendt dit que l'opinion est la seule riposte à la violence. Elle était très habitée par la démocratie grecque et par le forum, la place publique où les citoyens pouvaient «apparaître» et raconter leurs exploits. L' «apparaître» qui structure à la fois la pensée et le jugement. Elle trouvait cela génial parce qu'elle pensait que le grand courage consiste à ce que chacun parle de ce qu'il a vécu d'exceptionnel pour inciter les autres, et la politique, à aller dans le sens du dépassement de soi. Cet «apparaître dans le politique» est très spécifique à Hannah Arendt. Elle a fait de cette idée d'apparition un enjeu politique, et non pas un enjeu religieux ou poétique. Mais en même temps elle a un souci très profond de dire que le religieux et la poétique ne sont pas morts, qu'on peut leur trouver une existence dans le politique.


Evidemment, c'est un rêve, et on l'a accusée d'être en pleine utopie. Mais elle dit très justement que, dans cet appel à la singularité et au dépassement de soi, il y a des éléments pour résister à la barbarie. D'abord parce que c'est un appel à la personne, à l'individu, à sortir des groupes ­ politiques, économiques ethniques ou autres ­ qui se crispent souvent et finissent par se dogmatiser en groupes d'influence et de pouvoir.


Et ensuite, pensait-elle, en demandant à cet individu de dire ce qui le dépasse, on fait de la violence une créativité : «Je suis contre, je suis singulier, il n'y a que moi... mais je raconte mes désirs et je les partage avec les autres.» La place publique devient une sorte de mélange entre la plus grande singularité et le plus grand partage. Cela me séduit aussi beaucoup parce que dans le monde moderne ­ que Arendt n'a pas vraiment connu, elle est morte en 1975 ­ on voit que les gens, contrairement à ce qu'on dit, ne sont pas tous avachis ou qu'ils attendent l'occasion de pouvoir sortir de l'avachissement pour dire ce qu'ils veulent et demander qu'on en tienne compte même si leurs propos sont parfois modestes, à côté de la plaque. Cela peut paraître insignifiant, mais c'est un respect, un souci d'appeler à des créativités. Les politiques doivent ouvrir leurs oreilles et, bien sûr, ne pas s'en tenir là, jouer leur rôle de sujets supposés savoir et ayant des compétences supérieures au citoyen lambda. Mais il s'agit d'une interface entre l'intérêt général et l'apparition du singulier.
Si j'étais à la place d'Arendt aujourd'hui, je dirais que les moyens de communication offrent maintenant une vision élargie du forum grec, mais nos politiques ne savent pas comment s'en emparer pour en faire un lieu de créativité.



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