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lundi 4 mai 2009

Le Parlement Wallon avant l'heure.


ASSEMBLEE WALLONNE (1912)

Premier organisme wallon unifié et sorte de Parlement créé en 1912, l’Assemblée wallonne étudie toutes les questions touchant à la Wallonie et agit par le biais de revendications et de propositions au niveau des Chambres et du gouvernement. L’Assemblée wallonne a une grande influence jusque dans les années vingt mais perd peu à peu sa représentativité et sa crédibilité dans les années trente par son aspect académique. Ses thèses, très modérées, n’évoluent pas : elle défendra alors toujours une union belge corrigée par une séparation administrative, et le maintien de la langue française en Flandre. Son organe de presse s’intitule La Défense wallonne.

Une sorte de Parlement wallon informel




C’est la Ligue wallonne de Liège qui prend l’initiative, début 1910, de créer un Comité d’Études pour la Sauvegarde de l’Autonomie des Provinces wallonnes. (On trouve aussi, de façon irrégulière, l’orthographe Comité d’Études…). Essentiellement liégeois dans un premier temps, le comité s’élargit et, le vendredi 27 janvier 1911, Émile Dupont, Achille Chainaye, Victor Chauvin, Joseph Descamps, Julien Delaite, Jules Destrée, Émile Buisset, Charles Magnette, Jean Roger et Edmond Schoonbroodt se retrouvent à Bruxelles sur la convocation de la Ligue wallonne de Liège. Cette réunion de travail paraît être la principale, voire la seule à rassembler tous les protagonistes. D’après Edmond Schoonbroodt, le Comité d’Étude se serait toutefois réuni plusieurs fois à Bruxelles, avant le Congrès wallon de Liége, organisé en 1913 (sic ; i.e. 1912), par la Ligue Wallonne de Liége, lequel décida son extension et sa permanence. Une nouvelle réunion des anciens membres auxquels le Congrès avait adjoint de nombreux délégués nouveaux se tient à Namur le 21 juillet 1912, ajoute Schoonbroodt, et ce fut ce jour que, sur la proposition de (…) Jules Destrée, ces Messieurs constituèrent l’Assemblée wallonne (Schoonbroodt, p. 16). Effectivement, lors du Congrès wallon du 7 juillet 1912, est adoptée, comme corollaire de la motion de Jules Destrée en faveur de la séparation de la Wallonie et de la Flandre selon des modalités restant à étudier, la proposition de Jean Roger de création d’un comité d’action wallonne composé des délégués des provinces wallonnes, qui au moins une fois par an, (…) convoquera et organisera le Congrès wallon dans l’une ou l’autre des grandes cités de la Wallonie et tiendra ses séances à Namur qui est la ville la plus centrale de la région wallonne. Ce comité se réunit une fois à Namur le 21 juillet 1912, sous la forme d’une réunion élargie du Comité d’Étude(s) pour la Sauvegarde de l’Autonomie des Provinces wallonnes (Papiers J. Delaite, convocation du 15 juillet 1912). S’élargissant encore, il donnera naissance à l’Assemblée wallonne, dont la séance constitutive sera convoquée à Charleroi le 20 octobre 1912 (Papiers J. Delaite, circulaire du 25 juillet 1912 et convocation du 10 septembre 1912).



L’Assemblée wallonne est le résultat du Congrès wallon du 7 juillet 1912 prévu et organisé, de longue date, par l’un des personnages les plus actifs de cette période, Julien Delaite, fondateur, en 1897, de la Ligue wallonne de Liège. La question de la séparation administrative est débattue régulièrement depuis 1910 ; les résultats des élections législatives de juin 1912 et l’effervescence qui s’ensuivit en Wallonie démontrent la différence de sensibilité politique entre le Nord et le Sud du pays. Le Congrès wallon consacre l’essentiel de ses travaux à la question de la séparation administrative. Jules Destrée y présente le projet d’ordre du jour rédigé en janvier 1912 déjà et émet le vœu de voir la Wallonie séparée de la Flandre en vue de l’extension de son indépendance vis-à-vis du pouvoir central et de la libre expansion de son activité propre ; désigne aux fins d’étudier la question une Commission, à raison d’un membre par quarante mille habitants.

Après de nombreuses discussions, Jean Roger reprend la proposition Destrée et suggère de constituer une représentation wallonne afin d’étudier les différentes questions du jour et notamment celle de la séparation administrative. Le congrès décide finalement la création d’un Comité d’action wallonne composé des délégués des provinces wallonnes, le Brabant wallon étant considéré comme une province (…) Le nombre des délégués (…) sera proportionnel à la population (…), c’est-à-dire que la Wallonie aura autant de délégués au comité d’action qu’elle envoie de députés à la Chambre des représentants de Belgique. Ce Comité doit tenir ses réunions à Namur, ville la plus centrale de la région wallonne.

À la suite de la première réunion de ce Comité à Namur le 21 juillet 1912, les membres décident de convoquer les représentants wallons à une nouvelle séance, constitutive, cette fois à Charleroi. En juillet, on parle déjà d’Assemblée wallonne. C’est de ce Comité d’études que va naître l’Assemblée wallonne dont la réunion constituante se déroule à l’Université du travail de Charleroi le 20 octobre 1912. Ce jour-là, Jules Destrée a convoqué tous les parlementaires nommés dans les arrondissements wallons, ainsi qu’un certain nombre de personnes s’étant déjà occupées de la question wallonne.

L’Assemblée wallonne fonctionne comme un mini parlement francophone. Au départ, elle compte 134 délégués, mais le nombre des membres est ensuite augmenté à celui des sénateurs et députés wallons, avec dix délégués pour Bruxelles. Elle instaure des Commissions responsables chacune de l’étude et de la solution d’un problème touchant la Wallonie. L’Assemblée wallonne veut étudier tous les problèmes wallons selon les procédés parlementaires, à l’aide de rapports documentés. Faisant suite à la proposition de Joseph-Maurice Remouchamps, un Comité des griefs, chargé de recueillir et de vérifier les griefs des wallons, est également créé lors de cette réunion constituante.

Cette assemblée veut regrouper des membres appartenant à tous les partis politiques. Cependant, les catholiques brillent par leur absence, comme le constate Destrée : si le parti catholique n’a pas consenti à nous envoyer des représentants, ce n’est pas notre faute. On pourra d’ailleurs constater, par la suite, que cette frange politique sera toujours réticente à s’engager dans les groupements wallons. L’Assemblée met un point d’honneur à être et à rester apolitique, ainsi, jamais elle ne se présentera sur le plan électoral en tant que parti. Enfin, elle revendique sa parfaite indépendance. Elle se présente donc comme un groupe de pression, une conscience agissante face au monde politique responsable. Dans ce but, elle réunit des hommes politiques ainsi que de nombreux intellectuels. L’Assemblée wallonne a donc un caractère de « conseil-consultatif semi-officiel », caractère privilégié par les lieux de réunion qui sont souvent des hôtels de ville.

L’Assemblée wallonne, qui se réunit en assemblée générale deux fois l’an, fonctionne par Commissions, chargées chacune d’étudier un domaine spécifique (reflétant en cela l’organisation ministérielle). Chaque Commission a, à sa tête, un président et l’ensemble de ces présidents forme le Comité central.

Un bureau permanent est créé à la demande de Remouchamps et compte douze membres. Il doit permettre d’accélérer les interventions de l’Assemblée. En fait, c’est lui qui va peu à peu assumer véritablement la direction de l’Assemblée, à partir de la démission de Jules Destrée, devenu ministre en novembre 1919. Voici quelques réalisations de ce bureau : création de l’Union nationale wallonne, constitution d’un comité de législation et de documentation, et publication de La Défense wallonne.

Ici intervient le secrétaire général. En effet, celui-ci participe au Comité directeur et au bureau permanent. Son rôle est fondamental au sein de l’Assemblée puisqu’il s’occupe de la propagande, des assemblées générales, et de l’exécution des mesures prises. Il aide également à la constitution ou au développement d’autres groupements wallons poursuivant les mêmes buts que l’Assemblée. On voit donc le rôle décisif qui lui est attribué et l’influence que ce dernier peut avoir sur les lignes directrices de l’Assemblée wallonne. Ceci sera évident sous le secrétariat général de Remouchamps.






Sa mission : étudier la séparation administrative
Lors de la séance constitutive, l’Assemblée wallonne fixe son programme. Ainsi, elle déclare sa ferme volonté de maintenir la nationalité belge. Persuadée que l’unité belge, basée sur la domination d’une race sur l’autre, serait impossible à conserver et à défendre, elle affirme que la Belgique ne peut poursuivre ses destinées que par l’union des deux peuples qui la composent, union basée sur une indépendance réciproque, et faite d’une entente loyale et cordiale. Aucune cotisation n’est réclamée, les frais devant être couverts par les dons, subsides et cotisations volontaires.

Parmi les membres de l’Assemblée wallonne lors de sa constitution, citons Albert Allard, Franz Foulon, Paul Gahide pour Tournai, Fulgence Masson et Gaston Talaupe pour Mons, René Branquart pour Soignies, Émile Buisset, Arille Carlier, Jules Destrée, Paul Pastur pour Charleroi, Joseph Grafé pour Namur, Hector de Selys-Longchamps pour Dinant, Oscar Colson, Gustave D’Andrimont, Julien Delaite, Charles Delchevalerie, Émile Digneffe, Émile Jennissen, Albert Mockel, Xavier Neujean, Joseph-Maurice Remouchamps et Edmond Schoonbroodt pour Liège, Olympe Gilbart pour Huy, Auguste Doutrepont pour Verviers, Charles Magnette et Léon Troclet pour le Luxembourg, Alphonse Allard pour Nivelles, Achille et Hector Chainaye, Richard Dupierreux, Pierre Paulus, Fernand Pavard, Simon Sasserath pour Bruxelles.

Sous le secrétariat général de Jules Destrée, les deux premières années de l’Assemblée wallonne sont les plus riches en réalisations. C’est en effet grâce à son action que l’on doit le choix du drapeau wallon au coq rouge sur fond or qui symbolise toute la Wallonie (réunions du 26 mars et du 20 avril 1913), de la devise Wallon toujours et du cri Liberté. Outre ses emblèmes, la Wallonie lui doit aussi la date de sa fête « nationale » : le dernier dimanche de septembre, célébrant ainsi les journées révolutionnaires de 1830. Seul l’hymne n’a pu être décidé. Le 29 mars 1914, c’est également elle qui adopte la Gaillarde comme fleur de la Wallonie, suite à une proposition du groupe des Femmes de Wallonie et de sa présidente Léonie de Waha.

Outre l’adoption des emblèmes wallons, l’Assemblée se dote d’un organe officieux de propagande : La Défense wallonne. Cette dernière est mensuelle, de petit format et renferme les comptes rendus des activités de l’Assemblée ; c’est surtout grâce à cette revue qu’il est possible de suivre les travaux de celle-ci. L’Assemblée wallonne se fixe une ligne de conduite à laquelle elle s’accrochera de façon constante : la défense de la langue et de la culture françaises non seulement dans la partie francophone du pays mais aussi en Flandre, justifiant ce combat par la volonté déterminée de défendre les thèses unionistes. La reconnaissance en Flandre du flamand comme seule langue officielle constituerait, aux yeux des membres de l’Assemblée, le premier pas vers l’éclatement de la Belgique, aboutissement de la révolution de 1830, révolution « wallonne ». Ce serait également une menace pour l’existence même de la nationalité belge. En fait, le problème de l’Assemblée wallonne provient de l’incompréhension des revendications flamandes qui se situent, non seulement sur un plan linguistique, mais aussi social. En effet, le Mouvement flamand a des racines populaires, contrairement au Mouvement wallon qui reste celui d’une élite intellectuelle et sociale qui laisse le combat social à d’autres lieux de son activité politique, notamment au POB.

Remarquons que, durant cette période, et alors que l’Assemblée a été constituée pour étudier le problème de la séparation administrative, cette question est très peu évoquée. On peut alors penser que d’autres sujets l’occupent. En effet, avant 1914, deux projets de loi font l’objet de vives réactions au sein de l’Assemblée. Il s’agit de la loi sur l’emploi des langues à l’armée et l’organisation de la défense nationale en général d’une part, et de la future loi scolaire de 1914 d’autre part. L’Assemblée entame des études en Commission et une série de résolutions s’ensuit, dont la principale est la défense de la frontière de l’Est. Face au second projet de loi, elle réclame la liberté du père de famille en matière de linguistique scolaire.

Durant la Première Guerre mondiale, l’Assemblée wallonne n’a aucune activité. Elle le clame d’ailleurs haut et fort. À l’occasion du procès d’un collaborateur (Josson), la défense insinue que l’Assemblée wallonne aurait eu des actions finalement assez similaires à celles que l’on reproche alors aux activistes flamands, elle déclare qu’elle s’est réunie pour la dernière fois, avant la guerre, en séance de Commission, le 8 juillet 1914, à Bruxelles. La première séance qui a suivi la guerre, séance plénière, a eu lieu à Bruxelles, le 9 mars 1919. Entre ces deux dates, c’est-à-dire pendant toute la durée de la guerre, l’A.W. n’a tenu aucune réunion, et a suspendu complètement ses travaux et son action.(…) Le mot d’ordre était d’observer un silence absolu aussi longtemps que l’ennemi souillerait le territoire belge de sa présence. En tant que telle, l’Assemblée wallonne n’a eu aucune activité même si certains de ses membres constituent, en mars 1916, une Union nationale de France.





Les déchirements de l’après-guerre
Au lendemain de la guerre, le climat est particulier. Alors que le Mouvement wallon s’acheminait en 1912-1913 vers des idées plus fédéralistes, la guerre a renforcé les courants unionistes, voire d’union sacrée. En effet, les esprits sont marqués et par l’activisme flamand et par l’héroïsme d’une Belgique unie ; ce contexte n’a d’ailleurs pas manqué d’influencer les tendances de l’Assemblée. En novembre et décembre 1918, les membres liégeois de l’Assemblée wallonne se réunissent à plusieurs reprises et adressent un communiqué à la presse faisant observer qu’il n’y a aucun Wallon dans le gouvernement de reconstruction nationale. Lors de sa première réunion officielle de l’après-guerre, le 9 mars 1919, l’Assemblée wallonne proteste contre l’absence de tout représentant wallon au sein de la délégation belge à Versailles ; elle analyse aussi les quatre années de guerre et plus particulièrement la question de l’organisation administrative allemande. Dénonçant la politique du Conseil des Flandres et de l’occupant, elle expulse également de ses rangs le seul membre qui a collaboré au ministère de Namur, à savoir Lucien Colson. Malgré un climat patriote belge particulièrement hostile au concept de séparation administrative, l’Assemblée n’hésite pas à remettre cette question à son ordre du jour. Au cours de cinq réunions d’avril à octobre 1919, elle examine notamment les projets de Léon Troclet, Émile Buisset, Paul Pastur, François André et Albert Mockel, ainsi que le projet de vote bilatéral de J-M. Remouchamps, mais ne parvient pas à trouver une position commune.

Les projets Troclet et Mockel sont d’essence fédéraliste et promeuvent l’idée de trois régions autonomes, Wallonie, Flandre, Bruxelles ; ceux de Buisset, Pastur et André s’inscrivent dans un courant provincialiste, visant à élargir les compétences des provinces existantes. Auteur – en 1914 – d’un projet de réforme parlementaire prévoyant la délimitation des régions wallonne et flamande selon la langue usuelle la plus employée par leurs habitants, avec adaptation lors des recensements, Joseph-Maurice Remouchamps préconise une solution permettant l’égalité politique des Wallons et des Flamands au sein de l’État belge par le biais d’un vote bilatéral : à côté de la majorité ordinaire nécessaire à l’adoption de toute loi, il serait nécessaire que se dégage une majorité au sein de chaque groupe linguistique. Ainsi, la Wallonie pourrait se soustraire à la volonté majoritaire de la Flandre (Le Vote bilatéral et le bilatéralisme. Essai d’organisation de l’Unité nationale pour l’équilibre des partis et l’égalité des races, 1919).

Les deux tendances déjà perceptibles avant-guerre refont surface. D’un côté, les partisans d’une option radicale, séparatiste ou fédéraliste, qui ne parviennent cependant pas à accorder leurs violons ; de l’autre, une tendance unioniste, encouragée par l’opinion publique dominante, partisane de la défense de la langue française, partout en Belgique, et qui défend l’idée du vote bilatéral chère à Joseph-Maurice Remouchamps. Néanmoins, le 7 septembre 1919, un compromis paraît trouvé quand est approuvée une proposition de Fernand Mallieux, amendée par Auguste Buisseret et Simon Sasserath, qui préconise la reconnaissance de l’autonomie absolue des deux peuples wallon et flamand pour les questions politiques et administratives qui ne présentent pas un caractère national (le cas de Bruxelles restant à régler), et l’application du vote bilatéral au Parlement pour les questions d’intérêt national. Lors de la réunion suivante (19 octobre), la proposition Mallieux est repoussée et c’est l’option fédéraliste qui recueille la majorité, alors que les élections législatives se profilent à l’horizon (16 novembre). En raison de l’important succès électoral du POB, Jules Destrée est appelé comme ministre des Sciences et des Arts (9 décembre) et il décide d’abandonner ses fonctions de secrétaire général de l’Assemblée wallonne (14 décembre). C’est Joseph-Maurice Remouchamps qui lui succède et c’est la tendance unioniste qui va désormais prendre l’ascendant.



Entre 1919 et 1921, les activités de l’Assemblée se concentrent sur la défense de la frontière de l’Est, et l’organisation de l’armée. Dans le domaine de la politique étrangère, l’Assemblée revendique une solidarité franco-belge qu’il faut concrétiser par une union douanière (qui ne sera pas réalisée), mais aussi par un accord militaire (conclu en 1920 mais dénoncé par la politique dite d’indépendance en 1936). Les rapports hollando-belges se résument au problème de la canalisation de la Meuse, celle-ci étant prévue de façon beaucoup trop restreinte et uniquement en faveur d’Anvers. L’Assemblée réclame donc des travaux permettant également à Liège d’être desservie par un réseau de canaux suffisant pour être indépendante vis-à-vis d’Anvers.

En 1921, l’adoption de la « loi Von Bissing » provoque de nombreux remous au sein de l’Assemblée. Après l’adoption par la Chambre des représentants d’une première proposition de loi, elle réagit par de vives protestations pour alerter le Sénat et l’empêcher d’exprimer le même vote. Néanmoins, lorsque ce dernier adopte, le 13 mai 1921, la loi modifiée « ou plutôt aggravée », l’Assemblée décide d’élaborer un programme portant sur la révision du statut de l’État. Ici encore, on constate l’attitude plus que modérée de l’Assemblée wallonne qui opte pour un programme minimum pouvant se résumer ainsi : pas de séparation mais une décentralisation administrative provinciale avec application du vote bilatéral au Sénat uniquement. Ce programme est adopté en séance plénière à Bruxelles le 28 août 1921, à l’unanimité des 64 membres présents (sur 160 membres que compte alors l’Assemblée). Son but en est clairement précisé dans La Défense wallonne de juillet. Elle a recherché les moyens propres à toucher l’opinion publique et à provoquer un mouvement capable d’influencer le Parlement et la Constituante (…) Il faut en outre, si l’Assemblée veut gagner à sa cause une importante partie de la population, dissiper le plus tôt possible la méfiance injustifiée dont elle est encore trop souvent l’objet, en déclarant sans ambiguïté qu’elle ne poursuit pas la séparation politique ou administrative (…) Votre Commission sait qu’un tel programme ne reflétera pas complètement l’opinion d’une partie de nos collègues qui préconisaient des solutions plus radicales. Elle leur demande cependant de se rallier à ses conclusions. L’heure d’agir est venue, et aucune action n’est possible si les divergences de doctrines ne s’effacent pas pour faire place à l’unité et à la discipline. Cette Commission, composée de 18 membres propose donc ce programme minimum à l’Assemblée, après l’avoir elle-même adopté par 16 voix pour, une voix contre (celle de Jennissen) et une abstention (Max Pastur).

L’Assemblée wallonne soumet ensuite aux Chambres, alors constituantes, un projet de modification de l’article 39 de la Constitution dans le sens du vote bilatéral mis au point par Remouchamps. Ce système peut être assimilé à celui utilisé aujourd’hui pour le vote de certaines lois et qui consiste à obtenir la majorité des suffrages dans chacun des deux groupes linguistiques. Il ne s’agit donc pas de fédéralisme entraînant la constitution d’un État fédéral, l’Assemblée voulant à tout prix conserver l’unité belge, mais tout au plus d’une réorganisation tenant compte du dualisme de la Belgique.



Ce projet est défendu par son auteur, alors sénateur libéral, mais il sera néanmoins rejeté le 19 octobre 1921 par une unanimité flamande alors que les socialistes et les libéraux wallons l’ont accepté. La position ultra modérée de l’Assemblée ne fait d’ailleurs pas l’unanimité de ses membres ; l’Assemblée en est consciente.

C’est en 1922, lors des discussions au sujet de la flamandisation de l’Université de Gand, que l’orage éclate. Le 22 octobre 1922, lors de la XXVIe session de l’Assemblée wallonne, Jules Destrée, présidant cette séance, ouvre les débats par ces paroles : peut-être y aura-t-il lieu pour l’Assemblée wallonne d’examiner s’il n’est pas nécessaire qu’elle abandonne la politique qu’elle a suivie au cours de ces dernières années et qu’elle en revienne à « la tradition de 1912 ». En levant la séance, il est tout aussi explicite lorsqu’il déclare qu’aussitôt après le vote du Parlement dans la question de l’Université flamande, l’Assemblée wallonne devrait discuter son orientation politique et son programme d’action et de réalisation. Le ton est donné. L’opposition unionistes-séparatistes s’accentue. Le groupe dit séparatiste ne veut plus défendre les francophones de Flandre. Il préconise une solution fédéraliste car il estime que la défense de la langue française en Flandre permettrait alors les mêmes revendications de la part des Flamands pour la Wallonie.

Le divorce sera consommé lors du débat, en 1923, sur le projet de loi Devèze concernant la réorganisation de l’armée. Si ce projet est unanimement condamné par l’Assemblée, les solutions proposées divergent diamétralement : le groupe Destrée-Jennissen se prononce pour un recrutement régional de l’armée, le groupe Remouchamps restant fidèle au principe d’une armée unitaire. Pour répondre aux projets déposés en cette matière par le ministre Albert Devèze, au début de la session parlementaire 1922-1923, l’Assemblée wallonne vote, le 11 mars 1923, un ordre du jour déposé par Émile Jennissen estimant que la seule solution pour éviter aux Wallons les sujétions linguistiques et pour assurer une défense nationale sérieuse réside dans le recrutement régional le plus largement étendu. Absent lors de cette réunion, le secrétaire général Joseph-Maurice Remouchamps y voit un coup de force de la minorité séparatiste de l’Assemblée à l’égard de ce qu’il appelle la majorité unioniste et tire argument de l’absence de quorum pour mettre en cause la position qui a été prise et convoquer une nouvelle Assemblée générale.

Lors de l’Assemblée générale du 29 avril à Bruxelles, Destrée, rejoint par Jennissen, Auguste Buisseret et Albert Mockel, attaque durement Remouchamps en se faisant le porte-parole des idées fédéralistes. La réunion est houleuse. Après ce premier choc, le secrétaire général constitue réellement le Groupe unioniste à l’Assemblée wallonne, en demandant à ses fidèles d’adhérer au programme du 25 avril 1920 qui repose sur le maintien de l’unité nationale belge et défend énergiquement la culture française en Flandre. Le 10 juin 1923, alors que les relations ne se sont pas améliorées entre les protagonistes, une nouvelle assemblée remet la question à l’ordre du jour sur base des rapports déposés par Jules Mathieu, favorable au recrutement régional, et par Ivan Paul, qui y est opposé. Après un long débat, dans lequel les régionalistes sont minorisés par les unionistes, l’Assemblée wallonne vote une résolution qui revient sur les votes du 11 mars et retire l’ordre du jour portant sur la question du recrutement régional.



Après avoir fait une ultime tentative de conciliation en déposant une proposition de motion précisant que l’Assemblée wallonne réprouvait toute doctrine tendant à séparer la Belgique en deux États distincts, tout en laissant à ses membres la possibilité de défendre les solutions qui avaient leurs préférences personnelles et sans engager l’Assemblée, Jules Destrée démissionne de l’Assemblée wallonne. La direction donnée depuis quelque temps à l’Assemblée wallonne me faisait douter de l’utilité de ses travaux et je préférais mener la lutte wallonne en dehors de ses consignes. Destrée ne mâche pas ses mots : nous le trouvons (le bureau permanent) à la fois autoritaire, tatillon, bureaucratique vis-à-vis des membres de l’Assemblée, faible, indécis et ondoyant vis-à-vis de l’opinion publique et des centralisateurs… Destrée n’est pas le seul à penser de la sorte, ainsi Richard Dupierreux ne cache-t-il pas ses reproches : ce dont je me plaignais simplement, c’est que la liberté ne fût point respectée par un bureau permanent de plus en plus dictatorial, où la minorité n’est plus admise à faire entendre sa voix de telle sorte que l’Assemblée wallonne s’identifiait en fait avec son bureau permanent et n’était, en fin de compte admise que comme pensait son secrétaire général.

Finalement, Jules Destrée, Émile Jennissen, Jean Roger, Auguste Buisseret, etc. (au total seize membres) démissionnent au mois de juin, ne trouvant plus de terrain d’entente au sein de l’Assemblée. Une partie ira rejoindre le Comité d’Action wallonne de Liège qui deviendra la Ligue d’Action wallonne. Suite à ces démissions, La Défense wallonne essaie de minimiser l’incident, insistant sur le nombre restreint des départs. À cet argument, Jules Destrée rétorque qu’en vérité, c’est le sang pur et ardent de l’Assemblée wallonne qui la quitte, et ce qui va rester de l’Assemblée wallonne ne sera plus qu’un corps exsangue et sans vie qui pourra encore être traité avec complaisance par la presse nationaliste mais qui aura perdu toute autorité et toute influence. Joli résultat ! C’est la course au suicide sous prétexte d’ « unionisme ».

Le départ de ce groupe radical va, en effet, priver l’Assemblée wallonne de ses forces vives. Les places laissées vacantes par les démissionnaires sont alors occupées par de nouveaux venus comme Marie Delcourt ou encore Marcel Thiry. La tendance unioniste de Remouchamps peut maintenant s’exprimer pleinement et entraîner l’Assemblée dans une voie qui sera de plus en plus conservatrice face à un Mouvement wallon concurrent qui évolue, lui, vers le fédéralisme.

Les oppositions ne sont guère dissimulées entre la Ligue d’Action wallonne de Liège et l’Assemblée. Ainsi, lors du premier congrès de la Ligue en 1924, La Défense wallonne le qualifie de « Congrès autonomiste » et y va de quelques commentaires acides : Quelques séparatistes wallons réunis à Liège sous prétexte de revendiquer l’autonomie wallonne ont adhéré au programme flamingant (…) Ils (les membres du Comité d’Action wallonne) sont avant tout anti-belges et, pour parler leur langage, « réunionistes ».

Un programme immuable
Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, la politique suivie par l’Assemblée n’évoluera pas. Lors de chaque campagne électorale, elle réalise un questionnaire qu’elle soumet aux candidats francophones, questionnaire visant à dégager les « bons candidats wallons » des autres. Elle suit en cela sa logique d’apolitisme. À chaque tentative de création d’un parti wallon, l’Assemblée réagit par une condamnation et rappelle ses membres à l’ordre. Plutôt que d’accorder leurs suffrages à une liste vouée d’avance à l’insuccès, les électeurs wallons serviront leur cause en soutenant, chacun dans son parti, le candidat le plus résolu à résister au flamingantisme.

La « séparation administrative » pour laquelle l’Assemblée avait été créée, n’est toujours pas envisagée. En 1925, une fois de plus, l’Assemblée wallonne affirme que le chaos où se débat la Belgique est principalement dû à son statut politique datant d’une époque où la possibilité d’un noyautage flamingant n’était même pas soupçonnée. Elle proclame que la nationalité belge ne peut être sauvée que par une réforme profonde de son organisation parlementaire et gouvernementale. Cependant aucune décision concrète ne suit.

En mai 1926, La Défense wallonne, qui paraît depuis 1923 dans un grand format, subit une modification de périodicité. D’hebdomadaire, elle devient bimensuelle. La raison avancée est que la gravité de la crise financière et monétaire que traverse la Belgique doit reléguer momentanément au second plan toutes les préoccupations d’ordre politique. Serait-ce plutôt le premier signe de perte de vitesse de l’Assemblée ? On peut le penser car, en novembre de la même année, un appel à l’aide est lancé dans La Défense wallonne. Les dirigeants de l’Assemblée veulent élargir la diffusion de leur journal car un journal qui n’est lu que par un groupe, même important, d’abonnés fidèles piétine sur place, un organe dont le but est de défendre une idée ne vit réellement que s’il se développe sans arrêt.

Les problèmes financiers que connaît l’Assemblée sont dus non seulement à la diminution du nombre des lecteurs et à l’augmentation du coût général de la main d’œuvre et des matières premières mais aussi à la suppression des subsides de la Ville de Liège. Sur ce point, on constate que la concurrence entre l’Assemblée et la Ligue d’Action wallonne de Liège a tourné en faveur de cette dernière. Ce n’est pas un hasard puisque, Auguste Buisseret, directeur de l’Action wallonne, est nommé échevin des finances en 1933, année de la suppression de la subvention accordée à l’Assemblée par la Ville.

En 1929, l’Assemblée publie le résultat d’études sous l’intitulé Cahiers des griefs de Wallonie. De plus, au sein de l’Assemblée apparaît une nouvelle dissension. Le directeur de La Défense wallonne, Yvan Paul n’étant plus en accord avec la politique du groupe démissionne en janvier 1933. Il est remplacé par Marcel Grafé qui réaffirme les positions unionistes de l’Assemblée.



Celle-ci s’enlise dans la voie qu’elle s’est tracée, se rendant compte peu à peu qu’elle est en perte de vitesse mais ne voulant pas avouer que ses thèses sont trop rigides, ou trop en recul par rapport à un Mouvement wallon qui s’oriente de plus en plus vers des thèses fédéralistes. En fait, malgré cela, elle n’abandonnera jamais le programme minimum qu’elle s’était fixé en 1920.

La LIIe session de l’Assemblée wallonne, réunie le 3 novembre 1935, en présence de Jules Destrée invité, réaffirme, par exemple, son loyalisme à la Belgique, son attachement à l’unilinguisme intégral en Wallonie, son rejet de toute formule fédéraliste ou séparatiste, l’abolition de toutes contraintes linguistiques à Bruxelles, la fixation de la frontière linguistique sur base du libre choix des communes, une répartition équitable des dépenses pour travaux publics, ainsi qu’une révision constitutionnelle garantissant l’égalité des Wallons et des Flamands au Parlement. La question bruxelloise est au cœur des débats ; J-M. Remouchamps n’hésitera pas à tancer les Bruxellois : une solidarité agissante doit les unir aux Wallons sous peine de succomber au bilinguisme voulu par certains Flamands. La protection efficace de la frontière orientale et la poursuite d’une politique militaire et économique avec la France sont aussi à son programme.

En 1936, la politique dite d’indépendance imposée par Léopold III et son gouvernement provoque de vives réactions au sein de l’Assemblée wallonne qui a toujours défendu les accords militaires franco-belges. Dans ce cadre, elle ne peut accepter l’abandon de la frontière de l’Est car elle considère que la Wallonie serait alors sacrifiée et offerte à l’Allemagne.

Dans le domaine de la politique intérieure, on assiste à la montée de l’extrême droite. Lors de la campagne électorale de 1936, Rex développe un programme dont certains points, comme ses revendications linguistiques (libre choix du père de famille, respect de l’autonomie communale…), trouvent un écho très largement favorable auprès de l’Assemblée. De nombreux articles parus dans La Défense wallonne, et signés notamment J-M. Remouchamps, le démontrent d’ailleurs. Fidèle à son apolitisme et soucieuse de n’exclure aucune tendance, l’Assemblée accueille en son sein des personnes comme Paul Collet ou Joseph Mignolet.

Toujours en 1936, l’Assemblée doit faire face à un nouveau problème : la maladie de certains de ses dirigeants. C’est d’abord Marcel Grafé qui, souffrant, démissionne en mai. Il mourra le 8 juillet de la même année. Ensuite, c’est au tour de J.-M. Remouchamps ; il démissionne en avril 1937 de ses fonctions de secrétaire général et de membre du bureau permanent. C’est l’Assemblée tout entière qui est décapitée. Elle

survivra cependant jusqu’en mai 1940, grâce à son secrétaire administratif, Henri Putanier. Durant la Seconde Guerre mondiale, l’Assemblée cesse de nouveau toute activité, de façon définitive pourrait-on

croire.





Tentative de relance de l’Assemblée wallonne après 1945


Cependant, au lendemain de la Libération, Henri Putanier tente de relancer l’Assemblée wallonne. Secrétaire d’un bureau provisoire composé d’une vingtaine de membres, il reprend contact avec les « anciens » et, sous forme de synthèse, publie un manifeste (le 12 juin 1945). Dans les grandes lignes, il renoue avec le programme de l’Assemblée wallonne d’avant-guerre. Les thèses défendues ont peu évolué depuis les années trente, l’Assemblée combattant toujours pour une Wallonie respectée dans une Belgique unie et libre, l’égalité politique, administrative, économique et financière de même que pour la création d’une radio wallonne officielle, la rectification de la frontière linguistique, le refus du bilinguisme à Bruxelles et l’intensification des relations franco-belges. On constate toutefois que le programme de l’Assemblée wallonne s’ouvre vers des formules de décentralisation voire éventuellement le régime fédéraliste. Le souhait du bureau provisoire est d’amener l’Assemblée wallonne à redevenir une espèce de conseil consultatif semi-officiel où toutes les tendances de l’opinion wallonne se rencontreraient et aborderaient les problèmes de l’heure avec, comme objectif, de trouver les meilleurs moyens de sauvegarder les intérêts de la Wallonie. Putanier tentera de rallier à sa cause hommes politiques, académiciens, journalistes, universitaires, syndicalistes… mais il marche là sur un terrain déjà occupé par le Congrès national wallon.

On est d’ailleurs en droit de se demander si l’Assemblée recouvre encore une réalité autre que le seul Putanier, présent au Congrès national wallon d’octobre 1945 à Liège, où il défend des thèses provincialistes. Responsable d’une Wallonie libre alors toute puissante, Georges Dotreppe mesure la divergence des principes qui nous séparent de l’Assemblée wallonne qui s’est imposé de rechercher une solution du problème wallon qui ne mît pas en cause la structure unitaire de l’État belge (…), oserai-je demander au vieux militant que vous êtes si le salut de la Wallonie n’exige pas des mesures plus profondes qui reconnaîtraient le caractère binational de l’État belge ?

Même si Putanier est de plus en plus esseulé, il parvient à organiser une première réunion d’étude sur les problèmes wallons, le 20 janvier 1946. Maître Charles Gheude la préside, en lieu et place du ministre Lefebvre empêché. À ses côtés, Émile Destrée, Robert Royer et Jules Bordet. Putanier a alors retrouvé sa fonction de secrétaire général. La question du statut de la Wallonie est discutée : fédéralisme, décentralisation… Trois mois après le Congrès national wallon, on a l’impression d’une répétition générale, en petit. Émile Destrée préconise un fédéralisme régional à quatre, axé sur une Union libre des régions belgiques : nord, nord-est, sud-est et centre, cette dernière comprenant le Hainaut et le Brabant. Robert Royer, quant à lui, s’inspire des projets Truffaut et Pieltain ; il préconise un fédéralisme à deux régions, dans lequel les provinces auraient un rôle subordonné aux régions, c’est-à-dire le régionalisme fédéral élaboré au sein du mouvement Rénovation wallonne. Jules Bordet critique les lois linguistiques des années trente : il réclame le pouvoir du libre choix linguistique du père de famille et l’accentuation de l’autonomie communale. Et si une commune devient flamande en Wallonie, on respecte le choix de la majorité. Bordet déplore la dénatalité des Wallons et les encourage simplement à changer de comportement. Putanier, quant à lui, continue à défendre le projet du vote bilatéral cher à Remouchamps. Le député catholique Marcel Philippart rappelle son rejet du fédéralisme, le sénateur libéral Robert Catteau, en tant que défenseur de Bruxelles, préconise un retour aux libertés linguistiques individuelles et non collectives comme le prévoient les lois de 1932 et 1935. À l’issue de ces exposés, aucune conclusion tendant à définir l’optique de l’Assemblée wallonne n’est tirée. Quant à la reparution de La Défense wallonne, la question est reportée après les élections. Néanmoins, l’Assemblée wallonne revit et, comme avant-guerre, des délégués d’arrondissement sont élus : Georges Dotreppe (Dinant), Adrien Bouvet et Charles Moureaux (Bruxelles), René Leclercq (Mons), Georges Gryson (Charleroi), Marcel Philippart (Liège). Jules Bordet, Émile Destrée, Charles Gheude et l’abbé de Froidmont en font aussi notamment partie.

Une deuxième réunion de travail se tient à Bruxelles, le 28 avril 1946. Il s’agit d’examiner le projet fédéraliste préparé par le Congrès national wallon. Après la présentation de Fernand Schreurs, le débat est animé par Adrien Bouvet, Jules Bordet, René Leclercq, Marcel Philippart, Henri Putanier, André Kaisin, Émile Destrée, l’abbé de Froidmont et Charles Gheude. Bruxelles est au centre de discussions où les défenseurs de la langue française ne s’accordent pas avec ceux qui insistent sur les problèmes sociaux-économiques de la Wallonie et où les fédéralistes hésitent entre une formule à deux ou à trois alors qu’une tendance provincialiste se fait aussi entendre.

En proie à des problèmes professionnels qui le touchent rudement (un candidat flamand lui a été préféré) et sans véritable soutien de la part du Mouvement wallon, Putanier démissionne de sa fonction de secrétaire général de manière à éviter de confondre intérêt personnel et intérêt général. En 1949, Henri Putanier campe toujours sur ses positions : je persiste toujours à décliner toute participation au Mouvement wallon tant que celui-ci n’aura pas pris sérieusement en mains la question des dépassements injustifiés des Wallons par des fonctionnaires flamands. En 1949, l’Assemblée wallonne a véritablement cessé d’exister. Depuis quand exactement ? Il est malaisé de répondre avec précision même si, en 1947, l’Assemblée wallonne paraît toujours avoir une certaine activité.

Groupe d’un autre âge, l’Assemblée wallonne a mal vieilli. Si elle a été le premier organisme structuré et organisé du Mouvement wallon, prouvant par là l’existence même de celui-ci et de ses revendications, une page est désormais tournée et les thèses défendues par cette assemblée ne sont plus de mise dans ces années proches d’événements tels que la Question royale. On lui doit cependant une victoire à titre posthume : le tracé de la frontière linguistique qui s’est, en 1963, réalisé presque selon le tracé réclamé par l’Assemblée wallonne.

Paul Delforge – Sophie Jaminon
Institut Jules Destrée
sur le site http://www.wallonie-en-ligne.net/Encyclopedie/Congres/Notices/Assemblee-Wallonne-2.htm


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